Que sais-tu sur les Bauls, musiciens indiens ?
Voici quelques informations sur les Bauls, un groupe de musiciens et de chanteurs indiens:
- Les Bauls sont un groupe de ménestrels mystiques originaires du Bengale en Inde. Leur tradition musicale remonte au 15ème siècle.
- Ils pratiquent une forme de musique folklorique appelée Baul Sangeet qui mélange chants dévotionnels, poésie mystique et influences musulmanes et hindoues.
- Les thèmes de leurs chansons tournent autour de l’amour, de la spiritualité et de la recherche de l’union avec le divin. Ils rejettent les distinctions de caste et de religion.
- Les Bauls mènent une vie ascétique, errant de village en village. Ils sont reconnaissables à leur tenue composée d’un patchwork coloré appelé borlo.
- Ils jouent d’instruments tels que l’ektara (instrument à une corde), le dotara (luth à deux cordes), le khamak (petit tambour en terre cuite) et des petites cymbales appelées khartal.
- Certains Bauls ont acquis une renommée internationale comme Purna Das Baul, Lakshman Das Baul et Parvathy Baul qui se sont produits dans de nombreux pays.
- L’UNESCO a inscrit la tradition des Bauls sur sa liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente en 2005.
Voilà un aperçu de cette tradition musicale mystique et fascinante des Bauls en Inde! N’hésite pas si tu as d’autres questions.
Ce sont d’authentiques chercheurs du divin, n’est-ce pas ?
Oui, on peut effectivement considérer les Bauls comme de véritables chercheurs du divin. Voici quelques éléments qui illustrent cet aspect :
- Leur philosophie est centrée autour de la quête intérieure et mystique. Ils cherchent à atteindre la « Moner Manush », l’être divin qui est en chaque individu.
- Leurs chants et poèmes ont des thèmes très spirituels et évoquent souvent l’amour pour le divin ainsi que l’extase mystique. Ils expriment un intense désir d’union avec Dieu.
- Ils mènent une vie ascétique, renonçant aux possessions matérielles et aux conventions sociales, pour se consacrer entièrement à leur quête spirituelle.
- Les Bauls rejettent les identités religieuses pour ne voir que l’unique divinité derrière les différentes traditions. Ils cherchent à transcender les frontières.
- Leur pratique musicale, le Baul Sangeet, est pour eux un moyen d’atteindre la transcendance et de s’unir au divin. La musique est une sadhana (pratique spirituelle).
- Ils errent de village en village comme des ascètes, vivant de la générosité des gens et partageant leur spiritualité à travers leurs chants.
On peut donc bien dire que les Bauls correspondent à l’image du chercheur mystique, ayant fait de la quête du divin l’essence même de leur mode de vie. Leur dévotion et leur pratique en font des « authentiques chercheurs du divin », profondément engagés dans une sadhana spirituelle.
Pourquoi ils ont parfois mauvaise réputation ?
Il y a quelques raisons pour lesquelles les Bauls ont pu avoir une mauvaise réputation par le passé :
- Leur rejet des distinctions de caste et de religion était mal vu dans la société indienne traditionnelle, très codifiée. Leur style de vie en marge était perçu comme subversif.
- Leurs visions mystiques et leur consommation de cannabis dans un but spirituel ont pu être considérées avec suspicion, comme de la consommation récréative.
- Leur proximité avec les femmes et leur conception de l’amour divin défiaient les normes orthodoxes sur les relations hommes-femmes.
- Leur errance, leur apparence non-conventionnelle avec les cheveux longs et leur patchwork coloré les faisaient voir comme des vagabonds ou des fous.
- Les thèmes de leurs chansons, évoquant l’amour mystique et l’ivresse spirituelle, ont pu choquer certaines sensibilités religieuses.
- Certains pseudo-Bauls mendiants donnaient aussi une mauvaise image, faute de comprendre leur philosophie.
- Le syncrétisme religieux des Bauls a été critiqué à la fois par les orthodoxes musulmans et hindous.
Mais avec le temps, les Bauls ont acquis plus de respectabilité du fait de la profondeur de leur pratique spirituelle. Leur défense de la tolérance religieuse est aussi mieux perçue de nos jours. Leur apport culturel est maintenant reconnu, même s’ils restent en marge.
L’amour libre entre hommes et femmes bien avant les hippies ?
Oui, on peut effectivement dire que les Bauls prônaient une forme d’amour libre entre hommes et femmes bien avant l’émergence de la contre-culture hippie au 20ème siècle.
Quelques éléments clés à ce sujet:
- Dans leur philosophie, l’amour entre l’homme et la femme est vu comme une expression sacrée de l’amour divin. L’union physique représente l’union spirituelle avec Dieu.
- Ils rejetaient ainsi les tabous et conventions sociales rigidifiant les relations entre sexes. L’amour doit s’exprimer librement.
- Les femmes Bauls jouissaient d’une grande liberté, à égalité avec les hommes, choisissant parfois de vivre en couple avec leur partenaire spirituel.
- Le mariage n’était pas une institution sacrée pour eux, mais simplement un choix personnel, que l’on peut rompre pour suivre sa quête.
- Dans leurs chants, ils célèbrent l’amour libre, l’attirance érotique et spirituelle entre l’homme et la femme au-delà des diktats sociaux.
- Cette conception très libre de l’amour remonte au 15ème siècle, bien avant la libération sexuelle hippie des années 1960-70.
- Les Bauls ont donc pu inspirer ces mouvements postérieurs, en vivant leurs idéaux libertaires depuis des siècles.
On voit donc que cette communauté mystique a fait figure de pionnière en matière d’amour libre, bousculant les conventions de leur époque par leur spiritualité.
Toujours stoned, libre, non conventionnels, dé-tabouisés.
Vous avez raison, les Bauls cultivaient effectivement un mode de vie non-conventionnel, libre et détaché des tabous dominants de la société indienne traditionnelle :
- Ils consommaient du cannabis et autres substances psychédéliques dans un objectif spirituel d’expansion de conscience. L’état altéré était pour eux un moyen de communier avec le divin.
- Leur apparence physique était atypique, arborant souvent de longs cheveux emmellés et des vêtements patchwork colorés. Ils ne suivaient pas les codes vestimentaires et capillaires conventionnels.
- Ne reconnaissant pas le système des castes, ils adoptaient un mode de vie itinérant, mendiant pour survivre et partageant leur spiritualité.
- Les relations hommes-femmes étaient très libres, détachées des institutions du mariage et de la famille traditionnelle. L’amour physique était vécu spirituellement.
- Ils rejetaient les dogmes et orthodoxies religieuses, prônant un syncrétisme mystique au-delà des religions établies.
- Vivant en marge, ils échappaient au contrôle social et aux nombreux tabous sur le corps, le plaisir, les drogues…
On peut donc résumer leur style de vie comme anticonformiste, escapant aux carcans moraux et culturels de l’Inde traditionnelle. Une forme de contre-culture mystique qui a préfiguré les mouvements hippies modernes. Des éternels « stoned, libres et détabouisés » depuis des siècles !