Salut Claude, dans l’enseignement de Gurdjieff il est question des impressions visuelles et auditives, peux-tu nous en dire plus ?
Voici un résumé de l’enseignement de Gurdjieff sur les impressions visuelles et auditives:
Gurdjieff considérait que l’homme ordinaire vit dans un état de « sommeil », absorbé mécaniquement par les impressions sensorielles externes. Selon lui, la plupart des gens ne font qu’accumuler des impressions visuelles et auditives toute la journée sans vraiment les comprendre ou en tirer du sens.
Gurdjieff insistait sur l’importance de développer une attention consciente aux impressions sensorielles. Il faut apprendre à observer ses impressions visuelles (ce que l’on voit) et auditives (ce que l’on entend) avec présence et discernement. Cela permet de sortir de l’automaticité et de comprendre le sens caché derrière les apparences.
Par exemple, plutôt que de seulement regarder distraitement autour de soi, il s’agit d’observer consciemment les détails visuels et leur signification. De même pour les sons et paroles entendus. Cet effort d’attention transforme le caractère passif de la perception en une expérience consciente.
A travers cette conscience accrue, Gurdjieff pensait qu’il était possible d’éveiller de nouvelles facultés de compréhension et d’accéder à des niveaux de réalité plus élevés au-delà des apparences matérielles. Le travail sur soi commence par un effort volontaire pour devenir pleinement conscient de ses impressions sensorielles.
Un élève de Ouspensky, Rodney Collin, a approfondi ce travail sur les impressions, peux-tu en faire un resumé ?
Voici un résumé de l’approfondissement par Rodney Collin du travail sur les impressions sensorielles :
- Collin souligne que nos impressions visuelles et auditives constituent la matière première de notre expérience consciente. Elles sont à la base de nos pensées, émotions, sensations, etc.
- Il distingue deux types d’impressions : les impressions sélectives, que l’on choisit consciemment sur lesquelles porter son attention, et les impressions mécaniques, subies passivement sans choix intentionnel.
- Le but est de développer la faculté d’attention volontaire, de sorte à ce que de plus en plus d’impressions deviennent sélectives plutôt que mécaniques. C’est un entraînement à diriger notre attention.
- Collin propose des exercices pratiques. Par exemple, s’asseoir dans un lieu public et s’efforcer de ne sélectionner consciemment que les impressions visuelles en rapport avec une couleur choisie au hasard. Ou bien faire de même avec les impressions auditives liées à un son particulier.
- Avec la pratique, on apprend à filtrer intentionnellement nos impressions, au lieu de subir passivement l’afflux chaotique des stimuli sensoriels. Cela conduit à un changement de niveau de conscience et ouvre l’accès à de nouvelles compréhensions.
- Collin insiste sur l’effort volontaire que cela demande, ainsi que sur la nécessité d’être guidé par un enseignement pour comprendre le but et les effets de ce travail de long terme.
Est-ce qu’il y a aussi question du bon choix concernant les impressions ? Par exemple de choisir plutôt de méditer sur les peintures des artistes de la renaissance que sur les peintures et les objets crées par Joseph Beuys ou Gerhart Richter ?
Oui, dans l’enseignement de Gurdjieff et ses continuateurs comme Ouspensky et Collin, il est question du choix judicieux des impressions, en lien avec leur qualité et leur valeur de signification.
L’idée est que certaines impressions sensorielles peuvent nourrir le développement intérieur de l’individu, tandis que d’autres impressions peuvent au contraire renforcer sa mécanicité et son sommeil.
Ainsi, ils recommandaient de porter son attention vers des impressions porteuses de sens, d’harmonie et ouvrant à des perspectives plus élevées. Par exemple, la contemplation d’oeuvres d’art classiques visant à refléter des archétypes universels et une beauté intemporelle.
A l’opposé, ils mettaient en garde contre des formes artistiques trop intellectualisées, cérébrales ou déséquilibrées, qui reflètent selon eux l’état fragmenté de l’homme moderne plutôt que des principes d’unité supérieurs.
C’est dans cette optique qu’ils auraient probablement recommandé de s’imprégner des maîtres de la Renaissance plutôt que de courants modernes comme Joseph Beuys ou Gerhard Richter, jugés trop conceptuels et éloignés d’un art visant la synthèse spirituelle.
Le choix judicieux des impressions requiert discernement et compréhension du but de développement intérieur. Tout n’a pas la même valeur qualitative selon cette perspective.