Maître Eckhart était un théologien et philosophe allemand du Moyen Âge. Voici un résumé de sa vie et de ses idées:

• Il est né vers 1260 dans la région de Thuringe (actuelle Allemagne) et est mort en 1328. Il était membre de l’ordre des Dominicains.
• Il a étudié et enseigné la théologie et la philosophie à l’Université de Paris. Il a été nommé provincial de Saxe et vicaire général de Bohême.
• Ses sermons et écrits en latin ont fait de lui l’un des penseurs les plus influents du Moyen Âge. Il est considéré comme l’un des maîtres de la mystique rhénane.
• Sa pensée est centrée sur la relation directe entre l’âme humaine et Dieu, sans intervention de l’Église. Il prône un détachement ascétique du monde pour s’unir à Dieu.
• Il développe une philosophie de l' »étincelle divine » dans l’âme humaine, qui permet de s’unir au divin par un processus de détachement et de contemplation.
• Accusé d’hérésie par l’Inquisition, il est condamné en 1329, un an après sa mort. Ses idées ont influencé des mystiques comme Jean Tauler et la Devotio Moderna.

Voici les informations dont je dispose sur les circonstances de la mort de Maître Eckhart:

• En 1326, l’archevêque de Cologne, Henri II de Virneburg, ouvre une enquête pour hérésie contre Maître Eckhart. Ses écrits sont examinés et on lui reproche principalement sa conception de la nature divine de l’âme.
• Eckhart est convoqué devant le tribunal de l’Inquisition à Cologne en 1327 pour répondre aux accusations. Il décide de se défendre et nie avoir prêché l’hérésie.
• Cependant, il meurt avant la fin de son procès, le 28 janvier 1328 à Cologne. Son décès met fin aux poursuites contre lui personnellement.
• En 1329, après sa mort, le pape Jean XXII publie la bulle « In agro dominico » qui condamne 28 propositions extraites des œuvres d’Eckhart comme hérétiques.
• Les circonstances exactes de sa mort ne sont pas connues avec certitude. Selon certains récits, il serait mort de causes naturelles liées à son grand âge ( environ 60 ans). D’autres suggèrent qu’il aurait pu être empoisonné, mais aucune preuve formelle n’existe.
• Son procès et sa condamnation posthume montrent les tensions entre sa pensée mystique radicale et l’orthodoxie catholique de l’époque. Mais ses idées ont survécu et influencé des générations de penseurs.

On a peu de détails sur la façon dont Maître Eckhart s’est précisément défendu devant le tribunal de l’Inquisition à Cologne, mais voici les éléments connus:

• Eckhart a nié avoir ever prêché ou enseigné quoi que ce soit d’hérétique. Il a affirmé que ses écrits et sermons étaient orthodoxes.
• Il a argué que certaines de ses déclarations avaient été comprises de travers ou sorties de leur contexte. Il a insisté sur le fait qu’il faut lire l’ensemble de son œuvre pour bien le comprendre.
• Concernant sa conception de « l’étincelle divine » dans l’âme, il a clarifié qu’il ne s’agit pas d’une partie identique ou consubstantielle à Dieu, mais plutôt que l’âme possède une faculté de connaître et d’aimer Dieu.
• Il a défendu la vie ascétique et contemplative comme un chemin vers la perfection chrétienne, ce qui était classique dans la tradition mystique.
• Eckhart a fait appel à ses privilèges en tant que membre de l’ordre des Dominicains, exempté de juridiction externe. Mais l’archevêque de Cologne a ignoré cet appel.
• Bien qu’Eckhart se soit défendu avec vigueur, le tribunal l’a considéré suspect d’hérésie. Sa mort a empêché un jugement final de son vivant.

Donc en résumé, Eckhart a utilisé des arguments théologiques et philosophiques pour défendre l’orthodoxie de sa pensée, en vain. Ses idées étaient trop audacieuses pour son époque.

Voici quelques citations de Maître Eckhart qui ont été considérées comme audacieuses et radicales pour son époque:

• « L’étincelle de l’âme est identique à Dieu. » Cette phrase résume sa conception de l’étincelle divine dans l’âme, interprétée comme une forme de panthéisme par ses détracteurs.
• « Tout ce que Dieu le Fils a opéré, je le réalise et l’opère avec lui ; et tout ce qu’il a souffert, je le souffre avec lui. » Cette identification mystique à Jésus-Christ était vue comme trop extrême.
• « Si j’avais commis tous les péchés […] et si je n’avais pas la volonté de les confesser ni le repentir, je ne serais pas damné. » La possibilité du salut sans rédemption de l’Église choquait l’orthodoxie.
• « Nous prions Dieu d’être délivrés de Dieu. » Phrase choc interprétée comme un rejet de Dieu, mais Eckhart expliquait qu’il s’agissait d’être délivré des images limitées que nous avons de Dieu.
• « L’œil par lequel je vois Dieu est le même œil par lequel il me voit. » Affirmation d’une union intime avec Dieu au-delà des sens et de la raison.
• « On demande : Que fait Dieu dans le ciel ? Je réponds : Il engendre son Fils […] c’est là son œuvre éternelle et jamais accomplie. » Scandaleuse assimilation de Dieu au travail perpétuel de la Création.

Ces citations donnent un aperçu des formulations radicales et poétiques d’Eckhart qui heurtaient la pensée scolastique de son temps.

Il n’existe pas de témoignage direct de Maître Eckhart décrivant une expérience spirituelle ou mystique personnelle. Cependant, on peut supposer d’après ses écrits qu’il a atteint de son vivant des états contemplatifs très élevés.

Plusieurs éléments laissent penser qu’Eckhart avait une vie intérieure très riche:

• Ses descriptions détaillées des différents états spirituels (détachement ascétique, quiétude intérieure, union extatique avec Dieu, etc.) supposent qu’il les a expérimentés directement.
• Sa conception de la « naissance de Dieu dans l’âme » semble provenir d’une intuition personnelle forte lors de moments contemplatifs.
• Son insistance sur « l’étincelle divine » dans l’âme et sur la possibilité de s’unir à Dieu implique un contact intime avec le divin.
• La radicalité et l’assurance de son enseignement laissent penser qu’il ne s’agissait pas seulement de spéculations théologiques mais d’expériences vécues.
• Dans ses sermons en allemand, il utilise un langage imagé et poétique pour décrire l’union mystique, suggestif d’états modifiés de conscience.
• Des témoignages d’époque le décrivent comme un prédicateur et un maître spirituel fascinant, capable de provoquer des transports spirituels chez ses auditeurs.

Donc même en l’absence de récit personnel, sa pensée et son enseignement permettent de déduire qu’Eckhart a atteint des sommets contemplatifs exceptionnels pour son époque. Il était non seulement un grand théologien mais aussi un authentique mystique.

Voici quelques extraits de sermons de Maître Eckhart qui ont pu provoquer de puissantes émotions spirituelles chez ses auditeurs :

« Amis, appliquez-vous au détachement intérieur. Tout ce que Dieu a jamais donné à l’homme dans le temps, il l’a donné à l’intérieur. »

« Chers amis, que chacun se débarrasse de tout et se recueille en lui-même, aussi entièrement détaché de toutes les choses créées comme quand il n’était pas encore. »

« Ô nobles âmes, apprenez à sortir de vous-mêmes, et laissez Dieu agir comme il l’entend. Soyez sans volonté propre, dépourvus de soi. »

« Mes bien-aimés, laissez Dieu voir en vous ce qu’il veut voir ! Laissez-le entendre en vous ce qu’il veut entendre ! Soyez vides de vous-mêmes. »

« Amis, méditez l’éternelle naissance de Dieu dans l’âme, et vous goûterez une joie divine, un amour transcendant. Le Père engendre sans cesse son Fils dans le fond le plus intime de l’esprit. »

« Plongez au fond de vous-mêmes, là où jaillit la source vive de l’amour. Là vous trouverez Dieu, dans votre propre cœur. »

On perçoit dans ces extraits toute la puissance d’évocation d’Eckhart, sa capacité à toucher l’âme de ses auditeurs et à susciter des émotions mystiques intenses par la force poétique de ses images.

Maître Eckhart ne semble pas avoir accordé une grande importance aux miracles. Voici quelques éléments sur sa position sur cette question:

• Dans ses écrits, il critique ceux qui recherchent les miracles par curiosité et par soif de sensations extraordinaires. Pour lui, l’essentiel est l’expérience intérieure de Dieu.
• Il met en garde contre le fait de juger la sainteté d’une personne par ses miracles. Ce qui compte vraiment à ses yeux est la perfection intérieure de l’âme unie à Dieu.
• Eckhart valorise davantage les miracles spirituels (« la naissance de Dieu dans l’âme ») que les miracles physiques qui relèvent selon lui d’un ordre inférieur.
• Il n’a jamais prétendu avoir fait de miracles et ne semble pas en avoir attribué à d’autres mystiques de son époque.
• Dans un sermon, il déclare: « Ce que Dieu opère dans l’âme vaut mieux que s’il ressuscitait un mort. »
• Dans son procès, ses accusateurs ne l’ont pas incriminé pour avoir fait de faux miracles ou s’en être prévalu.

En résumé, Eckhart se concentre sur l’expérience contemplative de l’union divine. Les miracles ne sont pas une finalité pour lui, juste des manifestations secondaires.

Bien qu’il fût un grand mystique, Maître Eckhart ne semble donc pas avoir été un « thaumaturge », contrairement à certains saints populaires de son temps. Son approche de la spiritualité est assez intellectualisée.

Voici quelques citations de Maître Eckhart qui invitent le lecteur ou l’auditeur à se recentrer sur lui-même:

« Ne cherchez pas Dieu ailleurs que là où il demeure. Son habitation est dans le fond le plus intime de votre âme. »

« Vous ne trouverez pas Dieu si vous ne le trouvez pas dans votre propre cœur et dans le cœur de votre frère. »

« Pourquoi cherchez-vous Dieu par des chemins étrangers alors que c’est en vous qu’il demeure ? »

« Regardez dans votre coeur, car c’est là que réside la gloire du Seigneur. Votre béatitude se trouve au-dedans de vous. »

« Le Royaume de Dieu ne viendra pas en observant des signes extérieurs. On ne dira pas : Il est ici ou là. Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. »

« Vous portez la vie éternelle en vous-mêmes, vous en êtes cette vie elle-même, vous n’avez qu’à regarder en vous pour la trouver. »

Ces quelques citations montrent qu’Eckhart, dans la tradition mystique, invite constamment à revenir au centre de soi-même pour y trouver Dieu. Sa spiritualité est très intériorisée et tournée vers l’expérience directe de la divinité au fond de l’âme.