Dans le travail sur soi, quels sont les faux-pas à éviter ?
Un écueil qui apparaît de temps en temps, c’est le désir de permanence, le « une fois pour toutes », qui suit souvent un feeling de félicité, et qui emmène à se rendormir en rêvant. Ne pas faire l’erreur de juger ce que l’on voit en nous (« c’est mal, c’est bien »), seulement noter les incohérences des divers moi qui composent notre personnalité quand ils émergent à tour de rôle. Ne pas non plus tomber dans le savoir et rester avec humilité conscient de l’état « je ne sais pas », éviter d’accumuler des expériences que l’on transforme en concepts. D’une manière générale éviter d’avoir des attentes (de la vie, de l’instructeur…)
En premier lieu, croire qu’il y a une arrivée avec drapeau à damiers et tout et tout… Les « eurékas » ou compréhensions soudaines peuvent faire penser que ça y est, nous sommes arrivés, et qu’il n’y a plus qu’à se la couler douce. C’est un grand piège. Se rappeler en permanence de l’impermanence ! D’où l’importance de la vigilance. Un autre piège est de comparer son chemin avec celui des autres. Chaque personne étant unique, chaque chemin est aussi unique donc incomparable. Se juger soi-même, au lieu de rester dans l’observation neutre. Croire que l’élan équivaut à l’engagement et sous-estimer l’endurance que ce travail demande.
En plus de ce qui vient d’être dit, j’ajouterais que l’erreur à éviter est de considérer que je suis moi-même l’auteur de ce travail, avec tout ce qui en découle : si je vois le travail sur moi comme la mise en œuvre d’une force, ou de la conscience qui se sert de ma personne pour se ressentir, l’observation est plus détendue, plus émerveillée.
À éviter : penser que je peux cesser d’être vigilant car je me sens ok avec moi-même, faire un compromis pour éviter une souffrance utile ou préserver mon confort personnel, la considération interne (aussi envers moi-même : auto-jugement, auto-apitoiement…), la procrastination, conceptualiser le travail sur soi et perdre la conscience corporelle : éviter tout ce qui me fait perdre l’humilité.
Les principales erreurs sont la récupération par l’identité sous forme de théorisation mentale pour éviter la confrontation qui amène à traverser la souffrance nécessaire. L’effort également, qui va à l’encontre de la détente existentielle, de la perception directe et de l’accueil de la souffrance nécessaire : notions que je relie directement à l’humilité. L’évitement des situations qui peuvent potentiellement amener à traverser la souffrance nécessaire. Avoir des attentes et/ou des perspectives.
L’erreur majeure à éviter, c’est la perte de la confiance en son maître. Bien sûr, il y a des résistances, mais ça fait partie du processus de les brûler.
Voilà ce qui m’est venu et que je retrouve dans les interventions des uns et des autres : croire qu’on a atteint le Graal et s’endormir sur ses lauriers, croire que l’on peut trouver la réponse par le mental et les concepts. Confondre les niveaux logiques, particulièrement dans la relation à l’instructeur… par exemple, chercher à l’imiter pour être comme lui au lieu de chercher à l’imiter en étant soi-même. Enfin, croire que je suis une entité séparée qui est sur le chemin et que c’est MOI qui fait le travail !
Oublier de rester dans l’ici et maintenant et prendre le risque de plonger dans le mental, oublier de rester vigilante, oublier de m’observer dans la détente et l’ouverture, oublier de lire mes attentes comme des attentes, oublier que cela peut m’être fatal.
Voilà les points qui me sont venus, déjà soulignés par d’autres : croire qu’on effectue le Travail, alors qu’on ne fait qu’y penser, que le conceptualiser, croire qu’on est arrivé à un stade où on ne peut plus régresser. Se croire supérieur à d’autres à cause d’expériences ou de compréhensions marquantes (perte de l’humilité), s’attacher à une expérience de grâce ou d’extase et VOULOIR la revivre ou la pérenniser. Sortir du « je ne sais pas » (là aussi perte de l’humilité) et ainsi rigidifier ses idées ou compréhensions et perdre l’ouverture inhérente à ce « je ne sais pas ». Nier ses parts d’ombre, ses faiblesses, sa propre merde. Perdre la confiance dans le guide. Vouloir éviter l’inconfort qu’il nous invite (consciemment ou pas) à vivre. Abandonner la présupposition que la vie nous amène à vivre exactement ce qui nous est nécessaire pour nous libérer, et ainsi ressentir l’injustice ou la non-acceptation de ce qui est. Sortir de la conscience corporelle, ce qui laisse la porte ouverte à l’identification.
Perdre la conscience corporelle. Identification, comparaison et jugement. Procrastination. Évitement de la souffrance utile par tout ça.
Croire que je ne peux pas être touchée par le mensonge. En fait je m’aperçois qu’il prend de nombreuses formes, même très subtiles. Et la sincérité ne garantit pas l’absence de mensonge.
Être dans l’oubli de soi, l’oubli de son engagement envers soi-même, se laisser gagner par le découragement, le désespoir, ne plus faire confiance en la vie, s’endormir dans le confort, ne plus ressentir la vulnérabilité.
Se « donner des permissions ». Se permettre de perdre la vigilance, se permettre de s’identifier, etc. Par exemple, mettre une parenthèse psychologique autour d’une certaine situation, en se disant que ça ne compte pas.