Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Procrastination – 1

28/05/2018

La procrastination par Gilles Farcet (article paru dans Kaizen)

Un précepte de base de l’écologie est de ne pas gaspiller les ressources énergétiques.
Dans la perspective de l’écologie intérieure, nous gagnons à nous interroger quant à notre gestion de nos énergies « subtiles ». Les pensées inutiles sont grandes consommatrices d’énergie, la division intérieure l’est tout autant. Toute démarche écologique s’attache à identifier les racines de la pollution et du gaspillage. Pour ce qui est de la division intérieure et de la production de pensées inutiles, l’un des facteurs majeurs est ce mécanisme fort répandu qu’on nomme la procrastination.
Je suis frappé de constater, au fil de mes relations amicales et professionnelles, à quel point cette « maladie » a pris des proportions endémiques. Beaucoup d’êtres humains s’engagent à faire quelque chose et tout simplement ne le font pas, ou tardent tant à le faire que cela en devient inepte. Il n’y a pas de petite procrastination : que la « chose à faire » soit jugée « importante » ou anodine, le simple fait de ne pas respecter un engagement constitue une violence vis à vis de nous-même (sans compter la nuisance qu’elle peut causer aux autres). Une violence si « ordinaire », si courante qu’elle passe inaperçue et que les conséquences en sont constamment minimisées, comme c’est le cas des pollutions de tous les jours. Que j’en sois pleinement conscient ou non, le fait de ne pas faire ce qu’il m’est demandé de faire, ce que je me suis engagé à faire, produit en moi une division intérieure sous forme de malaise diffus (« je devrais faire et je ne fais pas ») et de pensées « tendues vers » (« il faut que je fasse »…) Ce malaise et ces pensées, si vagues soient-ils, sont grands consommateurs d’énergie psychique. Chaque engagement non tenu, chaque acte procrastiné est un peu comme une casserole attachée à un fil, lui-même accroché à notre pantalon. De casserole en casserole, nous en venons à avancer dans un bruit psychique assourdissant. L’engagement non tenu, l’action demandée non accomplie et demandant toujours à l’être ralentissent notre marche en avant et nous tirent vers l’arrière. Plus je procrastine, moins je peux être en paix, tout simplement disponible à l’instant.
Jeune, j’étais comme tant d’autres, un grand adepte du vague et de la procrastination. Le déclic s’est produit quand j’ai compris que faire ce que j’avais à faire dès que possible ne relevait pas d’une injonction morale mais d’une gestion intelligente de mon énergie, donc de mon intérêt profond et même de ma vie spirituelle. Toute personne ayant tenté de s’asseoir pour méditer remarquera un afflux de pensées ; elle remarquera aussi qu’une grande proportion de ces pensées a trait à des choses à faire. Il y a quarante ans, quand j’ai commencé à la pratiquer, la méditation n’était pas à la mode, mais le mécanisme de procrastination étant, lui, indémodable, j’ai assez vite compris le lien concret entre ma manière de traiter mes petites affaires au quotidien et la qualité de ma vie intérieure. « Ce que vous avez à faire, faites le maintenant » disait Swami Prajnanpad. Cette parole en elle-même de bon sens prononcée par un grand spirituel a eu sur moi un impact décisif. Je ne prétends pas être devenu cent pour cent fiable ; l’erreur est humaine, l’humanité ne souffre pas la perfection. Mais avoir pris cette parole au sérieux a beaucoup contribué à ma possibilité de jouir de la paix ici et maintenant. Faire ce qu’on doit faire maintenant ne signifie pas nécessairement tout de suite, toutes affaires cessantes, ce qui serait bien difficile dans un contexte ou courriels, messages et appels ne cessent de rallonger la fameuse « liste » au fur et à mesure. Le secret très simple consiste à ne pas laisser les choses dans le vague : tout noter, puis envisager même approximativement quand l’action pourra réalistement être accomplie. Je peux être en paix ici et maintenant non pas parce que j’ai « tout fait » – ce qui relève de l’impossible, nous mourrons sans doute avec une longue liste de choses à faire – mais parce que ce j’ai à faire, je sais que je le ferai et quand, ou à peu près quand. On n’imagine pas l’énergie subtile ainsi économisée, la disponibilité à l’instant ainsi retrouvée et donc, oui… l’aptitude à la joie inhérente à la relation non polluée à ce qui est ici et maintenant.

***

12/10/2015

Ne pas procrastiner nous permet de nous accueillir dans notre destin en direct, dans la dynamique de ce que la vie nous impose chaque jour.

Es-tu allé voir en toi les raisons de ta procrastination ?

Ce que je suppose maintenant, c’est qu’il y a en moi un mécanisme de défense qui fige les choses.

Tu défends quoi ?

Je n’arrive pas du tout à conscientiser ce que je défends.

Lance quelques hypothèses.

Je pense à :
1/ La partie de moi-même qui ne veut pas reconnaître ses erreurs, ses défauts, ses échecs… Il est plus facile de ne « rien comprendre » que d’assumer mes faiblesses ;
2/ La partie de moi-même qui est attachée à des convictions, principes, concepts ;
Le mécanisme doute/confusion permet de ne pas voir ce qui dérange les fondements de mon identité, ça prend toute la place !
Mais une des conséquences de ce mécanisme doute/confusion est la passivité et la non prise de décision.
Associé à ça, il y a aussi un mécanisme d’oubli très important, qui fait que j’ai beaucoup de mal à relier les choses les unes aux autres et qui créé un énorme cafouillage mental.

La procrastination est une stratégie d’une efficacité redoutable pour se mettre dans l’embarras et créer des souffrances inutiles.
La procrastination va de pair avec le mécanisme d’oubli et de confusion, de ne pas comprendre, d’endosser le masque du cancre.
Il y a 2 choses à fuir – comme le diable fuit l’eau bénite – dans le travail sur soi : c’est la procrastination et la non-sincérité vis-à-vis de soi-même.
Derrière chaque geste de procrastination il y a aussi un refus implicite de prendre ses responsabilités à un moment donné pour fuir une souffrance/un désagrément (nécessaire/utile).
La procrastination est le choix facile : on débranche, on devient « sac-à-patate » (symbole de l’inertie), on se ment afin de ne plus se sentir emmerdé par des obligations que la vie nous amène à accomplir.
En même temps, chaque fois qu’on procrastine, on se coupe de toute possibilité d’évoluer vers une complétude globale.
La complétude globale, généralisée, ne peut s’installer que quand on s’impose la discipline d’accueillir chaque fois la souffrance utile/nécessaire quand une situation se présente.
Ceci est impossible quand on procrastine.
Parce que le choix de procrastiner est aussi le choix d’éviter la souffrance utile, donc un choix pour s’infliger une multitude de souffrances et peurs inutiles, un choix pour ne pas assumer.
Derrière cela il y a la présupposition erronée que les responsabilités peuvent être ajournées sans que ceci n’entraîne des conséquences néfastes.
La procrastination nous empêche de passer les 2 étapes mi-fa et si-do. [Toute action naît d’une impulsion, et suit une progression ascendante (illustrée par la gamme musicale do, ré, mi, fa, sol, la, si, do). Les étapes mi-fa et si-do correspondent à des étapes où se produisent un ralentissement, une chute d’énergie. Si l’impulsion de départ ne parvient pas à franchir ces deux étapes, alors la trajectoire menant au but visé est déviée, voire repart en arrière ou au début.]
Autrement dit : on développe une passivité maladive et on tourne en rond.

Tu subis actuellement le résultat de tes procrastinations passées.
Si tu étais plus âgé, tu développerais facilement de la démence sénile ou Alzheimer.
C’est un mécanisme fondamentalement destructeur et nuisible.
La procrastination crée des peurs inutiles et tue la foi dans la vie, ou empêche de l’avoir.
Souvent il y a une non-considération d’autrui.
Exemple 1 : La procrastination de G. risque d’empêcher le déroulement normal de notre projet commun (l’organisation des autres) ;
Exemple 2 : Attendre un rappel pour faire ce qui doit être fait oblige (et fait perdre du temps à) l’autre à lancer un rappel.
Il est donc indispensable :
– de prendre la décision existentielle de ne plus jamais procrastiner.
– de développer une discipline visant à dire un « non » catégorique à chaque tentation de procrastiner.

La procrastination est une auto-pollution fondamentalement contre-nature.
A ne pas confondre avec la patience infinie d’un être accompli qui vit dans l’équanimité.
Chaque fois que la vie vous demande de faire quelque chose, posez-vous la question :
Est-ce que j’ajourne parce que j’ai de bonnes raisons pour le faire ? (ça peut être utile d’attendre un peu tout en restant détendu.)
Ou parce que ça me fait chier de le faire ? (évitement d’une souffrance utile et non prise de responsabilités – je m’en foutisme quant aux conséquences sur autrui et sur moi-même – ainsi qu’une réaction désagréable dans le corps, parfois l’angoisse.)

La procrastination mutile la valeur de base.

***

Je connais quelqu’un dont je sais que la procrastination a longtemps été un problème pour lui.
Interrogé à ce sujet voici une compilation de ses remarques, qui m’ont paru être très utiles :

Oui, la procrastination a occupé une partie importante dans ma vie, depuis l’enfance.
Après un traumatisme, la tendance à remettre à plus tard est devenue une stratégie d’adaptation (une stratégie pour ne pas faire face à…)
Par exemple je procrastinais pour éviter le stress car le stress aurait entraîné d’insupportables états d’anxiété et de honte.
Puis elle est devenue un mode de vie, elle a été intégrée dans ma philosophie de vie.
Devenu adulte, lorsque j’ai constaté que la procrastination n’était plus possible, et que le suicide n’était pas un choix viable, j’ai été contraint de trouver des moyens de gérer cela :
Premièrement, il est essentiel d’adopter un certain type de travail corporel : Feldenkrais, le Bowen, une sorte de travail qui vise à nettoyer le système nerveux, etc…
Ça a été important.
Ensuite, il a été nécessaire pour moi de ressentir un sentiment de pouvoir énergétique aussi appelé « pouvoir personnel ».
Le travail corporel peut nettoyer les blocages énergétiques afin de libérer cette qualité. C’est actuellement une présence ressentie/vécue.
Si lorsque je pense à ce que j’ai à faire je commence à me sentir dépassé, alors je redynamise cette sensation énergétique afin de bloquer tout désir de reporter le travail qui doit être fait.
C’est parfois très difficile à réaliser, mais j’ai compris (en ce qui me concerne) que réaliser la tâche sans « nettoyer » mon moi-intérieur du virus de la procrastination n’est pas suffisamment correct. Il doit d’abord être totalement éradiqué, et alors seulement ce qui doit être fait devient plus clair.

Je n’ai plus eu de problème avec la procrastination depuis environ 8 mois. Pour vaincre la procrastination il m’a fallu comprendre comment elle fonctionne. Elle semble s’infiltrer au travers des fissures dans ma conscience/vigilance/attention.
Et, une chose supplémentaire qui rend le travail sur la procrastination difficile, c’est que jusqu’à ce que l’on apprenne à la reconnaître pour ce qu’elle est, son infiltration dans le système nerveux s’accompagne d’une sensation agréable.
Une fois j’ai vu une émission sur les serpents. Il y a beaucoup de différentes sortes de poisons selon les serpents.
Un de ces venins possède la propriété de supprimer la douleur, un peu comme la morphine. Lorsque ces serpents mordent leur proie, celle-ci se sent alors vraiment super bien et ne ressent pas le besoin de s’enfuir.
Il n’a plus alors qu’à manger sa victime.
Je crois qu’on pourrait baptiser ce reptile la « vipère-procrastination ».
L’histoire est tout ce qu’il y a de plus vraie !
J’ai passé d’horribles moments à cause de la procrastination. Je n’imagine pas décider de reprendre une bouchée de ce plat pourri dans l’avenir . La procrastination a causé tellement de pourriture dans ma vie… un procrastinateur a parfois besoin d’une bonne claque en pleine figure pour s’en sortir.

Tes amis peuvent aussi lire le livre: “Economics 101”. Il est intéressant car j’y ai appris que l’économie est en réalité l’étude des conséquences. Pour quelque raison que ce soit, quand j’ai étudié l’économie, j’ai réalisé directement la réalité de la cause et de l’effet.

Pour le procrastinateur, les conséquences ne sont rien d’autre que des forces aléatoires et imprévisibles. Donc les meilleurs procrastinateurs tentent de développer leur capacité à calculer comment être plus chanceux… et comment charmer les personnes qu’ils ont déçues.
Lorsque la procrastination est dissoute, une sensation de pouvoir personnel et de capacité à maîtriser sa destinée émerge. La chance semble alors être un phénomène apparaissant régulièrement.
La procrastination est un défaut et une maladie.
Et une fois que c’est à l’intérieur de vous, la procrastination devient le père d’une douzaine de sangsues qui sucent votre sang puis libèrent leur saloperie dans votre circuit sanguin.
Les procrastinateurs doivent littéralement COMBATTRE cette tentation. LA COMBATTRE de toute leur force sinon ils en deviendront les esclaves, réduits à une volonté impuissante et à un esprit faible. Je n’exagère pas, j’en parle par expérience.
Je crois qu’une partie de mon amour pour le jardinage (tout récent) est un des fruits de ce combat. La nature n’accepte pas les excuses. Si je procrastine, rien ne poussera. Et ce malgré mes meilleures intentions.
C’est une chose très, très délicate à traiter. En ce qui me concerne j’en ai souffert jusque dans les os, aussi la leçon a été apprise. Il est préférable de ne pas la laisser aller si loin.
À l’heure actuelle l’autre aspect qui me vient à l’esprit est l’idée que l’on doit continuer à maintenir la force de la présence en soi.
Ne vous dites pas : « Très bien, j’ai surmonté de nombreuses tentations de procrastiner cette semaine, ce sera donc plus facile à partir de maintenant. ». C’est un travail à renouveler à chaque fois.
Comme je le disais précédemment, un bon travail corporel permettra de nettoyer les blocages énergétiques empêchant la connexion avec soi-même. Vous devez rester présent à vous-même (avec la sensation de présence) lorsque la tentation vous pousse à procrastiner.
A cet instant, lorsque le serpent commence à découvrir ses crocs, prenez conscience du danger ! Ne succombez pas. Respirez profondément et reconnectez-vous à cette qualité énergétique, cette puissante qualité de présence. Décidez de demeurer avec elle, et restez vraiment avec elle… QUOI QU’IL ARRIVE ! Si vous échouez, reconnaissez cet échec… Et reconnectez-vous à nouveau.
Si vous ne parvenez pas à vous reconnecter et à rester relié à cette qualité de présence, alors il faudra effectuer un travail corporel. Si malgré le fait que vous ayez effectué un bon travail corporel vous ne parvenez pas à vous reconnecter, alors cela signifie que ça n’a pas été fait sérieusement.
C’est aussi simple que cela.
Oh, une autre chose encore… pendant que vous combattez cette tendance, il se peut que vous ayez à faire face à un sentiment blessant d’impuissance (pas d’ordre sexuel), de faiblesse, alors probablement une petite voix démoniaque vous susurrera à l’oreille « ça ne sert à rien ». Que cette tentation soit le signe qu’il vous faut raffermir votre détermination de rester dans la présence… Restez-y comme si votre vie en dépendait. C’est un combat que vous ne perdrez que si vous abandonnez en cours de route.

Je dirai que la procrastination c’est l’état dans lequel on se coupe de sa force ; de la qualité essentielle de la force.

Comment fais-tu mentalement pour gérer les moments où une pensée arrive pour te suggérer de procrastiner ?

Ça ne marche pas comme ça. Ce qui se passe c’est qu’on pense à ce qu’on doit faire.
Alors on focalise sur un des aspects de cette tâche que l’on place dans la catégorie « pas sûr de pouvoir le faire » ou bien « vraiment emmerdant ». Alors on commence à envisager d’éviter d’accomplir cet aspect-là de la tâche. Et c’est le moment où le serpent plante ses crocs.
L’idée d’éviter cette tâche nous intoxique et alors c’est comme si le venin venait de pénétrer dans notre circuit sanguin. Soudain, on n’arrive même plus à se rappeler ce qu’on doit faire et/ou en quoi c’était si important de le faire.
Voilà ce qu’on se dit à soi-même : « Bon, ça ne doit pas être si important, non ? »
« J’aurai plus de temps plus tard pour le faire, je réserverai le temps nécessaire »
Et ainsi, les sentiments agréables seront préservés.
Si quelqu’un venait à rappeler au procrastinateur qu’il devrait faire d’autres choses plus importantes, il est possible que le procrastinateur devienne TRÈS contrarié.

Quel est la différence entre la procrastination et l’attente utile ?

C’est complètement différent. L’intention à travers la procrastination est la fuite.
L’attente utile concerne le management et la productivité.

La procrastination est-elle une forme d’automutilation psychologique ?

Je ne suis pas sûr de bien te comprendre mais je ne le crois pas.
Ça concerne la fuite.
On se perçoit comme n’étant pas capable de le faire. On n’a ni la force ni la volonté pour faire ce qui doit être fait.
Dépasser/traverser et résoudre la procrastination apportera probablement beaucoup de colère. C’est une bonne chose : la colère est la version identitaire de la force. Si vous pouvez travailler à travers la colère, elle sera mieux intégrée et pourra être perçue comme l’aspect essentiel de la force.

Dans ton premier mail tu écrivais : « Il y a un sentiment agréable de contentement, de bien-être au moment où ça pénètre dans le système nerveux. » Peux-tu développer ?

Je ne crois pas que le procrastinateur pense éviter une tâche entière, il pense juste à éviter un aspect de cette tâche. On pense, « je peux le faire plus tard. » Avec la venue de cette pensée, l’angoisse d’entreprendre la tâche disparaît immédiatement. C’est alors remplacé par un total soulagement et un doux sentiment de contentement… voire même un peu de joie et de la gratitude. Ça signifie surtout que le venin se diffuse.
A ce point on doit décider soit d’entreprendre la tâche avec le sentiment merdique que cela véhicule, soit de ne rien faire et demeurer avec ce sentiment de soulagement, de contentement, de joie et de gratitude.
Même s’il sait ce qui doit être fait, le procrastinateur choisit de se sentir bien maintenant.
IMPORTANT : tandis qu’on procrastine, la pensée d’avoir à faire la tâche en question reviendra à la conscience. A chaque fois le procrastinateur choisira de rester avec le sentiment envenimant agréable.
Mettons que l’on ait à faire un travail précis mais que l’on regarde la télévision. La pensée lancinante d’avoir à exécuter cette tâche reviendra régulièrement. Finalement, pour se faire vraiment plaisir, on s’engagera à fond dans la procrastination en bloquant la pensée rationnelle. C’est une grave forme d’auto-illusion accompagnée du court-circuitage de la capacité à envisager les causes et effets de nos actes.
Ohh… un autre élément d’information important : Le venin procrastinateur diffusant ce sentiment de bien-être se diffuse parfois au-delà de l’attention/conscience. Ce qui explique pourquoi il est si difficile de lutter contre.
C’est une fonction du corps-esprit humain qui peut survenir. C’est pour cela que parfois un homme et une femme peuvent « subitement » être passionnés l’un par l’autre. Leurs sentiments intenses peuvent se déployer hors de leur conscience. C’est un phénomène connu en psychologie, mais je ne crois pas que ça a déjà été identifié comme étant un aspect de la procrastination.

Puis-je me permettre de procrastiner parfois ou bien dois-je m’en débarrasser absolument ?

La procrastination doit être détruite. Le temps de repos, de détente et de bien-être doit être gagné.
La procrastination signifie que vous avez abandonné la présence au profit d’un sentiment empoisonné de liberté et de contentement immédiat. La perte de la présence peut-elle jamais être une bonne chose ? Réponse : « Non ! »
Mais la bonne nouvelle c’est que, si l’on reste avec la présence, on ne sentira jamais le besoin de fuir.
De nombreux aspects du travail intérieur nécessitent beaucoup de sensibilité, d’acceptation, et une attention particulière. En revanche, je pense que la procrastination exige de la FORCE BRUTE.
Rappelez-vous qu’il est question de force. Ceux qui ne procrastinent pas ne peuvent pas comprendre. Ceux qui procrastinent veulent simplement être acceptés pour leur faiblesse et non pas être jugés pour cela.
Si l’on est en contact avec son essence et connecté à sa force, on n’aura pas à faire face à la procrastination.

Est-ce que le procrastinateur est conscient des conséquences que cela a sur les autres personnes ?

Ça peut être le cas, ou pas.

Si oui, comment est-ce qu’il fait face à cela dans son for intérieur ?

Son ressenti sera : de l’apitoiement sur lui-même… et/ou du ressentiment envers les personnes qu’il laisse tomber. Il leur en voudra de ne pas accepter/comprendre sa faiblesse.

Comment réagissais-tu lorsque tu constatais que quelqu’un d’autre procrastinait alors que vous travailliez sur un projet commun (dans ton couple, au travail, lors d’un voyage ou autre fait planifié) ?

Ha ! Ha ! Ha ! Ça vient juste de m’arriver. Avant de le rencontrer je lui ai demandé de s’engager vraiment dans le projet. Mais lorsque le temps est venu de le faire il s’est pointé avec une excuse pour ne pas le faire. J’ai décidé de ne plus traiter avec lui. Sinon ce serait comme travailler avec un drogué complètement accro. La plupart des toxicomanes ne cherchent pas à s’en sortir. Ils cherchent juste à trouver comment assouvir leur besoin de drogue tout en menant une vie en apparence normale. Mais si je me retrouvais dans une situation où il me faut traiter avec un procrastinateur, je m’attacherais à vérifier régulièrement s’il donne suite à chaque étape du projet.

Existe-t-il un domaine dans lequel tu n’as jamais procrastiné, quelles que soient les circonstances ?

Dans ma vie personnelle, je pense que cela aurait été impossible. La seule façon que j’aurais eu d’éviter le piège de la procrastination, aurait été d’obtenir les conseils que j’ai donnés ici : si quelqu’un m’avait expliqué la dynamique de la procrastination et comment l’éviter, puis s’il m’avait aidé à me connecter à ma force intérieure, pour ensuite reconnaître que la procrastination émerge en raison du manque de volonté… en y ajoutant la pratique d’un travail corporel régulier… avec tout cela, alors oui, j’aurai pu facilement l’éviter.
Aussi, vérifiez en vous si vous avez déjà vécu l’intense expérience de vous sentir accablé/intimidé à un très haut point. Un événement au cours duquel même vos meilleurs efforts n’étaient pas à la hauteur… une telle expérience peut causer une blessure existentielle qui nous couperait de notre force intérieure. Ça peut survenir comme ça, ou bien on peut juste intégrer petit à petit la procrastination jusqu’à faire un avec elle.

Est-ce que la procrastination ne conduit pas à vivre un stress sous-jacent permanent et non nécessaire, ainsi que de la souffrance inutile ? Tout particulièrement lorsque le compte à rebours a commencé et que le travail doit impérativement être fait ?

Oui. Un stress sous-jacent se développe jusqu’au point où il devient si insupportable que soit :
1) Tu essayes d’obtenir le recul de la date buttoir ou bien ;
2) Tu fais ce qui doit être fait.

Ai-je raison de dire que pour celui/celle qui procrastine il est impossible d’être correctement organisé (par « bien organisé » je veux dire savoir anticiper et préparer mentalement ce qui doit être fait) ?

Oui, correct.

Est-ce que la peur joue un rôle dans la procrastination ?

Ça se pourrait selon 2 axes auxquels je pense :
1) Éviter quelque chose parce que ça apporte de la peur (par exemple : peur de l’échec) et ;
2) Le fait d’avoir procrastiné longuement sur une tâche, génère une bulle énergétique d’anxiété autour de ce travail. Ça peut faire apparaître de la peur, juste en y pensant.

Pourquoi se mettre en colère lorsque quelqu’un pointe ma procrastination ?

Une façon d’y répondre est de demander si un bébé ne se mettrait pas en colère si on venait lui reprendre ses bonbons. Une autre façon, est de dire que la procrastination est une situation dans laquelle le procrastinateur sait qu’il a d’autres choses qu’il DOIT faire, mais qu’il a plutôt choisi de ne pas les faire. Il a choisi la faiblesse par rapport à la force. Au plus profond de soi, ceci est compris, mais pour conserver un certain niveau de sincérité, cela doit être caché à la conscience. L’esprit est lui-même un mécanisme sincère. Lorsqu’il comprend qu’une chose est plus douloureuse qu’une autre, il choisit systématiquement la moins pénible des deux. Mais dans notre cas nous brouillons notre perception de la réalité afin de faire croire à nos « moi » que le choix effectué est le moins douloureux, ou bien, probablement moins douloureux. Cette méthode de rendre flou notre monde intérieur exige de l’énergie pour être maintenue en place.
Mais si l’autre personne continue de balancer des clés anglaises à l’intérieur de notre machine à procrastination, on ne pourra pas arriver à la redémarrer. Par conséquent on se fâche avec elle, afin qu’elle nous laisse seul (e) suffisamment longtemps pour induire la transe d’auto-tromperie.

Ai-je raison de penser que si un procrastineur est impliqué dans un projet commun, il (elle) devient une épine dans la chaussure des autres ?

Absolument ! Les autres membres du projet seront fort probablement très en colère, à juste titre.

Quelles sont les excuses les plus souvent utilisées pour justifier le fait d’avoir remis à plus tard une tâche ?
Je n’ai pas eu le temps ?
J’ai fait tout ce que j’ai pu mais… ?
J’étais trop occupé par d’autres affaires ?

Ça peut être n’importe quoi. Les meilleurs mensonges utilisent la vérité. Vous ne serez pas en mesure de le reconnaître chez les autres jusqu’à ce que vous identifiiez le processus dans leur comportement. Afin de se mentir à soi-même il est utile d’avoir un tout petit peu de satisfaction de soi. « Je mérite de jouer un peu… je n’ai jamais suffisamment de temps pour moi » etc.

Si j’ai bien compris, pour se débarrasser de la procrastination, on a besoin de travailler sur une bonne organisation de sa vie, comme par exemple savoir anticiper les étapes de ce qu’il y a à faire, clairement hiérarchiser des priorités, etc. ?

Ça dépend à quel point tu es enlisé dans la procrastination.
Subitement « repartir à zéro » et adopter une nouvelle méthode d’organisation échouera probablement.
Commencez plutôt par faire une courte liste de choses qui doivent être faites, et que vous avez mises en attente. (Si vous procrastinez depuis un bon moment déjà cela nécessitera une forme d’esprit d’introspection, afin d’analyser, puis d’ouvrir la mémoire.)
Ensuite commencez à faire ces choses. Mettez-vous au courant des choses à rattraper. Recherchez des moyens de prendre de l’avance sur d’autres choses, de sorte que vous aurez plus de temps à consacrer à rattraper les choses qui le nécessitent.
La vie se déroule de façon qu’il soit impossible de ne pas être en retard sur quelque chose. Alors vous devez rattraper et prendre de l’avance sur tout ce que vous pouvez. Commencez simplement. NE PAS élaborer un système complexe d’organisation. Ce n’est pas tant sur le système qu’il faut insister au début, mais plutôt sur la force.
La force intérieure.
Demandez-vous alors : « qu’ai-je besoin de faire ? Qu’est-ce qui me cause du stress ? Sur quelle partie de cette situation stressante puis-je m’avancer afin de la rendre moins stressante ? » Et alors que vous effectuez les choses qui nécessitent d’être faites, il vous arrivera des choses dont vous aurez besoin pour être en mesure de les faire plus efficacement. C’est ainsi que vous deviendrez plus organisé : en comprenant la nécessité de l’être.

Est-ce qu’un procrastinateur est un esclave ou une victime du temps (il n’a jamais le temps de faire tout ce qui doit être fait) ?

Oui, bien sûr.

Un procrastinateur répond-il toujours « oui » aux demandes, avant de penser aux conséquences et à la faisabilité de cette demande ?

Hmmmm… Ça se pourrait, mais ça dépend de l’individu. Il peut y avoir d’autres raisons que la procrastination pour expliquer.

Si oui, qu’est-ce qui le pousse à dire « oui » ?

S’il le fait dans le cadre de la procrastination, il est fort probable qu’il pense que ce serait quelque chose qu’il doit faire… puis il pense réaliser cette chose de la même façon qu’il fait les autres choses… un vœu pieux !
Le procrastinateur n’est pas en mesure d’évaluer avec précision sa capacité à accomplir une tâche dans une période de temps donnée. Il devient donc facile de laisser un faux optimisme influencer son désir de ne pas décevoir l’autre personne, donc on accepte une tâche qu’il faudrait refuser.
MAIS… j’ai constaté que lorsque vous arrêtez de procrastiner, votre productivité va augmenter et vous serez en mesure de dire « oui » de façon congruente afin d’aider les autres. Et vous allez effectivement pouvoir être là comme vous l’avez dit et faire ce que vous avez promis. Je ne peux pas tout faire, mais je me suis trouvé en mesure de donner beaucoup plus.

Y a-t-il une différence entre la procrastination et la paresse ?

hmmm… eh bien, je suppose que la paresse est un sentiment généralisé de vouloir éviter l’action. La procrastination est un évitement chronique d’une tâche particulière.

Tu as dit : la procrastination mène à la faiblesse, l’absence de procrastination conduit à la force.
Le fait de lutter contre la procrastination conduit à la force ?

Oui, certainement. C’est toute l’idée.

Ou bien recouvre-t-elle une force déjà présente ?

Eh bien, la force est un aspect de l’essence, donc je suppose qu’elle est toujours là et il est question de s’y connecter. Mais dans le même temps, plus vous restez avec elle, plus elle va grandir et changer. Par exemple, l’expression de l’essence d’un enfant de deux ans est différente de l’expression de l’essence d’un homme de 40 ans.

Cette force est-elle observable dans le corps ?

Peut-être, je ne suis pas sûr. Je suppose qu’une bonne posture, une sorte de sûreté dans ses mouvements… Ce n’est pas vraiment évident. Mais le plus évident est l’absence de cette force, de cette sûreté. Les criminels peuvent repérer cela facilement. Ils peuvent tout de suite savoir qui fera une bonne cible.

Pourrais-tu s’il te plaît en dire plus à ce sujet ?
À savoir où est située cette force ?

Elle imprègne le corps. Cela me rappelle l’eau courante. C’est comme la puissance qu’un courant d’eau peut avoir.

Comment te sens-tu ?

Tonique.

Y a-t-il une relation entre la procrastination et l’estime de soi (faible ou élevée) ?

Probablement que la plupart du temps un procrastinateur a une faible estime de soi, mais ça ne se passe pas toujours comme ça.

Certaines personnes semblent être occupées tout le temps.
Les procrastinateurs n’ont-ils pas tendance à montrer aux autres qu’ils sont occupés tout le temps ?
Si oui, pourquoi font-ils cela ?

Ils sont occupés tout le temps, mais ils ne sont pas occupés par les choses qui doivent être faites.
Quand ils ne sont pas à la hauteur de leurs obligations, ils doivent avoir une bonne excuse pour cela.

***

A propos de la procrastination…
C’est un processus se déroulant entièrement en temps réel. Aucun apport intellectuel au-delà des bases n’éclairera le sujet.
Il est probablement écrit dans le manuel du bon procrastinateur de faire une étude du travail à accomplir et d’avoir de loooooooooooongues discussions à son sujet. Par exemple, est-ce que parmi tes amis procrastinateurs il y en a qui ont commencé un travail corporel depuis que nous avons démarré cette discussion ?
Dans la négative, pourquoi ? J’ai dit que c’était vraiment nécessaire. Pas d’argent ? Dans ce cas commencez à en économiser ou bien vendez quelque chose sur ebay pour en gagner. Je m’excuse d’être si « dur », mais il n’y a pas d’autre moyen.
Soit on s’engage sérieusement dans ce travail, soit on est pris au piège… Pire encore, je pense qu’il est de plus en plus dur de sortir de ce piège quand on vieillit et que l’on se retrouve avec des maladies mentales.

Procrastination et planification inefficace vont souvent de pair.
La procrastination est la cause principale des difficultés à anticiper mentalement le déroulement des futures séquences.

La meilleure planification se fait quand il n’y a pas urgence.
Ceci permet de prendre en considération un maximum d’éventualités.
Quand on attend trop, le stress monte et embrouille les facultés intellectuelles et la créativité.

Il y a encore un autre facteur qui rentre en jeu dans une planification efficace : prévoir des imprévus.
Planifier « juste à temps » peut marcher, mais il est plus sûr de programmer une marge de temps supplémentaire.

me reconnais lorsque devant l’ordinateur j’ai tendance à tout reporter…
Ce que j’observe, c’est que je ne peux me laisser encombrer par ce qui ressurgit de façon récurrente et qui englue, qui prend de l’espace pour rien, et pourtant ça « plombe » !
Plus on prend toutes ses responsabilités au quotidien et au fur et à mesure, plus on est disponible à ce qui se présente dans le non prévisible du quotidien de la vie.
être la plus légère possible, comme pour être prête à…
Être la plus légère possible, comme pour être prête à…
Être disponible pour…
Suivre l’élan de ce qui se présente.

Il n’est pas toujours facile de distinguer entre procrastination et procrastination…
Il y a des périodes de haute activité productive, durant lesquelles je procrastine les choses les moins importantes et les moins urgentes…
Il y a aussi des périodes de fatigue profonde pendant lesquelles je procrastine presque tout.
Aussi, j’ai observé que procrastiner les projets importants jusqu’au « point de non-retour » provoque en moi la créativité et « l’état nécessaire » pour les réaliser à temps.
Suis-je donc un procrastinateur junkie ?

A mon avis : oui.
Ce que tu appelles « état nécessaire » est un état de stress inutile.
Dans ton cas, je crois que tu as toujours fonctionné comme ça, et que tu n’as pas la moindre idée de pouvoir faire les choses sans ce stress inutile.
En fait, tu dis que c’est utile et nécessaire, voire indispensable à ton fonctionnement.
Ton manque de conscience corporelle est directement lié à ça.

La procrastination renvoie toujours à un refus de prendre ses responsabilités (c’est la valeur de base qui les dicte, et on n’a pas le droit de s’autoriser à les refuser). On a des responsabilités vis-à-vis des autres, mais aussi vis-à-vis de soi-même.

Un être équilibré est à 0 (ZÉRO) procrastination, tous contextes confondus.

L’équanimité est impossible tant qu’il y a la moindre procrastination dans la vie d’un être humain, tous contextes confondus.

Chaque fois que tu procrastines tu pourris ta vie et souvent tu pollues la vie d’autrui qui n’a pas à (sup) porter ta non-responsabilité.

Actuellement, j’ai expérimenté des phases de « fluidité », mais, de toute façon, je n’ai pas la moindre idée de comment les « provoquer » à nouveau.
Tu me conseilles de changer ce programme-là, comment m’y prendre ?

1
Commencer un travail régulier sur le corps : suivre un cours de groupe Feldenkrais au moins 1 fois/semaine (pas de séances en individuel).
T’inscrire à un stage Feldenkrais de plusieurs jours.
Faire 30 min/jour une activité physique (au choix : Feldenkrais, danse, marche, jogging etc.)
Le faire doucement, sans forcer.
Être présent dans l’action.
Observe ta respiration en le faisant.

2.
Relire tout ce qui a été écrit à propos de la procrastination.
Surtout ne pas commencer à ne plus procrastiner tout-de-suite : ton corps/ton système nerveux risque de ne pas suivre.

3.
1 fois par jour :
prends quelque chose que tu pourrais faire plus tard, et fais-le tout-de-suite, sans l’ajourner.

Le sujet de la procrastination m’a fait prendre conscience de l’importance essentielle de ses subtilités.
Par exemple, repérer ne pas ressentir un soulagement une fois les choses faites, mais une liberté dépourvue de tout intérêt personnel, sans comparaison possible et suivre l’élan dans l’action.
J’ai pu repérer que pour certains la procrastination peut être un trouble de comportement majeur lorsqu’elle est associée à la construction même de l’identité, M. et A. par exemple, comme pour les troubles alimentaires, avec l’anorexie et la boulimie. L’un se perd dans une super activité, l’autre dans une léthargie. Mais la pathologie reliée au temps est au même niveau… dur, dur…
J’ai donc pris la décision de ne plus procrastiner, sans concession.

C’EST CA ! ! !
Procrastination 0 nécessite la prise d’une décision existentielle.
Du style : « une fois pour toutes ».
Je vous invite tous à la prendre (sans tarder bien sûr).
À l’ordre du jour donc : transformer des mollassons/sac à patates en guerriers/guerrières.

Il y a encore des choses qui me sont venues par rapport à la procrastination :
Quand on procrastine, on porte toujours un poids, le poids de ce qu’on n’a pas fait.
Ce poids reste aussi quand on se repose.
La détente existentielle dont j’ai souvent parlé n’est pas possible dans ce cas.

Il ne faut pas, non plus, devenir maniaque et tout faire tout-de-suite.
Bien que tout faire tout-de-suite est la plupart du temps la bonne stratégie.
Parfois il est plus adapté d’attendre, par exemple quand on manque d’inspiration et qu’il n’y a pas d’impératif.
Une fois que cette détente existentielle est à la base de toute action, on a de la marge, aussi, pour ne rien faire quand la vie en présente l’opportunité.
C’est souvent dans ces moments : lorsqu’on a fait ce qu’il fallait faire, qu’on se repose etc. que l’inspiration – venue de nulle part d’abord et ensuite « filtrée » par la valeur de base – peut survenir.

Quelqu’un qui procrastine trop n’a pas de marge de manœuvre pour accéder à la détente existentielle. Et l’expression de sa valeur de base est – au mieux partiellement – bloquée, surtout dans l’action, et dans l’évolution dans le temps de celle-ci (la plupart du temps par le stress inutile que la procrastination provoque, mais aussi par des peurs de ne pas y arriver).

Ne pas procrastiner est indispensable pour pouvoir tout lâcher dans la dernière expiration : sa propre mort.

Je n’ai jamais entendu parler du hara auparavant. Une recherche sur google m’amène à ça :
« Hara : à peu près 8 cm sous le nombril. C’est dans ce centre que l’Énergie Originelle est stockée. Il s’agit de l’énergie dont vous avez héritée à votre naissance, l’énergie qui est l’essence même de votre vie et qui vous donne le but de votre vie. L’Énergie Originelle n’est pas seulement l’énergie reçue de vos parents lorsque vous avez été conçu (e), mais, plus important encore, il s’agit de la connexion énergétique entre vous et la force universelle.
Lorsque le terme hara est utilisé, il s’agit quasiment toujours du hara « bas » (situé sous le nombril.) »
Est-ce que cette définition est ok pour toi ?

Oui.

Il semble que la procrastination a été considérée comme un des péchés capitaux selon les premiers écrits chrétiens. Puis elle a été accolée au péché de « paresse ». Elle a été alors appelé « Acédie »…
Selon Wikipedia :
L’acédie (du latin acedia) est la négligence à prendre soin de quelque chose que l’on doit faire. On le traduit par apathie langoureuse, dépression sans joie. C’est similaire à la mélancolie, bien que l’acédie décrive un comportement, tandis que la mélancolie suggère l’émotion produisant ce comportement. Dans la pensée des premiers chrétiens, le manque de joie a été considéré comme un refus délibéré de profiter de la bonté de Dieu et du monde créé par Dieu ; en revanche, l’apathie a été considérée comme un refus d’aider les autres en temps de besoin.
Lorsque Thomas d’Aquin décrit l’acédie dans son interprétation de la liste (des péchés), il la décrit comme un malaise de l’esprit, à l’origine de péchés moindres tels que l’agitation et l’instabilité. Dante a affiné cette définition, décrivant l’acédie comme l’incapacité à aimer Dieu de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme. Pour lui, c’était le péché du milieu, le seul caractérisé par une absence ou une insuffisance d’amour. Certains chercheurs ont dit que la forme ultime de l’acédie était le désespoir qui mène au suicide.

Ceci dit je pense que l’ordre qu’il donne n’est pas le bon. La procrastination mène au désespoir et à partir de là ça devient un cycle de pourriture absolu (pourriture au-dessus, pourriture au-dessous et un petit peu de pourriture entre 😉 La procrastination initiale aurait pu provenir d’une variété de choses, mais le résultat final est le même.
J’ai un ami qui vit cela. Il refuse de décrocher un emploi et place ses espoirs dans des moyens inefficaces pour gagner de l’argent. Je ne parle plus beaucoup avec lui depuis que nos discussions sont dans une impasse.
En tout état de cause, je pense que certains des premiers écrivains chrétiens avaient mis le doigt sur de bonnes idées. Les idées relatives aux péchés mortels ont été/sont très utiles pour moi.