Raconte-nous ta percée existentielle, quand tu avais 19 ans.
J’étais dans la marine, on était sorti boire un coup, sur notre chemin il y avait une fontaine qu’il fallait contourner. Je me suis dit que j’allais faire un truc rigolo, en allant droit sur la fontaine et en la traversant. La fontaine se situait devant un restaurant avec des dizaines de personnes en terrasse. J’ai dit à mon ami qui marchait à mes côtés que la fontaine ferait mieux de sortir de mon chemin parce que j’allais passer à travers. Il a commencé à rigoler quand il a réalisé ce que je voulais faire. Pendant un bref moment, j’ai senti monter une panique, mais j’ai continué mes bêtises et j’ai foncé. Je suis donc allé dans l’eau, en piétinant et en éclaboussant tout autour de moi. J’étais tellement immergé dans ce que je faisais dans le moment que j’ai oublié tout le reste. Puis, il y a eu le réflexe de penser : « Oh mon Dieu ! Je dois avoir l’air d’un idiot », mais la pensée a disparue aussitôt.
Ensuite, j’ai ressenti une grosse pression qui montait à travers ma poitrine jusque dans ma tête. Quand la pression est arrivée à la tête, c’était comme si j’étais en plein tremblement de terre. Puis, je me suis ressenti totalement vide ; comme dans l’œil d’un cyclone. Les choses continuaient leur cours mais j’étais complètement en paix. J’ai réalisé que c’était comme « CELA » que les choses sont en réalité et qu’elles avaient toujours été ainsi. « CELA » est accessible à n’importe qui et à tout le monde à tout moment, mais la plupart des gens ne veulent pas tout lâcher pour cela. « CELA », quel que soit le « CELA », était ce que j’avais toujours voulu durant toute ma vie. Avais-je voulu autre chose, c’était parce qu’au plus profond, j’avais le secret espoir que cela me ramènerai à « CELA ». L’essentiel de la réalisation était que : « RIEN N’A D’IMPORTANCE ». L’expérience entière avait le goût d’une sorte de liberté dont je ne savais pas qu’elle était possible.
Avec le temps, cette réalisation s’est évanouie doucement et est devenue un souvenir. Comme je n’avais aucune idée de ce qu’il s’était passé, et à qui en parler ou par où commencer, j’ai été un peu perdu pendant un moment. Ensuite, j’ai employé toute mon énergie à « LE » retrouver.
Et après quelques années, tu m’as trouvé.
Oui. Le problème aujourd’hui, c’est qu’il y a peu de personnes qui parlent de ça, à part quelques faux gourous.
Je peux constater que ce genre d’expérience, ce que j’appelle une percée existentielle, procure souvent de vrais chercheurs. C’est un coup de pied aux fesses de Dieu, qui devient comme une carotte devant l’âne. 🙂 Maintenant, tu sais qu’il y a quelque chose d’autre.
Je me souviens d’une partie de l’expérience où vraiment, ma vie m’est apparue comme une grande blague.
Tu as eu un aperçu du monde réel. Ça reste étonnant pour moi, que depuis 15 ans, tu fais ton chemin tout seul et que tu ne t’es pas perdu. Il doit y avoir la grâce avec toi. Il semble que tu es bien équipé pour ne pas tomber dans les pièges. Mais aussi que tu es protégé d’une certaine façon, tu ne crois pas ?
Je ne sais pas, je n’y ai jamais réfléchi. En même temps, je ne crois pas que j’aie beaucoup de choix.
Le fait que tu n’as pas le choix, c’est une grande chance.
Quand je t’ai trouvé et que j’ai essayé de diffuser ton livre aux USA, je pensais que tout le monde serait intéressé par cela. Mais en fait, non ! Et c’est lors de mes échanges avec toi que j’ai compris que j’étais peut-être le seul.
Et les leçons que tu as apprises avec cette expérience, elles sont toujours là. Elles t’ont accompagné toute ta vie. Il faut que tu réalises que c’est vraiment une grande chance. C’est pour ça que je parle de grâce.
Tu as raison. Tu as aussi été présent tout le temps, à travers nos échanges par mail.
J’étais celui qui pouvait t’aider, donc tu m’as trouvé. Il y a une forme de guidage invisible. Il doit y en avoir un, sinon, pourquoi m’aurais tu rencontré ? C’était dans les années 1990, et à l’époque il n’y avait que peu des gens sur internet. Et aussi, j’étais disponible et on a pu échanger, moi tôt le matin et toi, tard le soir. Mon rôle était de t’aider à intégrer cette percée existentielle dans ta vie quotidienne. Et aussi de répondre à tes questions. Tu étais plein de questions, comme Castaneda, pour ceux qui l’ont lu.
Comme je n’arrivais pas à trouver de réponses à propos de mon expérience et que ça ne me menait nulle part, j’ai essayé la PNL parce que je me suis dit que ça pouvait m’aider. C’était pas mal, mais ça ne répondait pas vraiment à ma question. Ensuite, j’ai cherché PNL et éveil, c’est ainsi que je t’ai trouvé et je t’ai demandé : « Tu connais cette expérience ? Ça te parle ? Tu peux m’aider ? » Et si tu m’avais dit que c’étaient des conneries, j’aurais arrêté. Parce que je savais que c’était authentique. A partir du moment où tu as validé mon expérience, alors on pouvait continuer. Et là, pour ma plus grande horreur, tu m’as dit : « Ne fais rien ! »
J’ai dit ça ?
Non, en fait, je t’ai demandé ce que je pouvais faire, et tu m’as dit que je ne pouvais pas faire grand-chose. Qu’il fallait plutôt défaire.
Ça a été très intense pour moi aussi. Pendant des mois, ça a été tous les matins, tchat entre 6h et 7h.
Ma copine était jalouse. Elle ne me croyait pas quand je lui disais que tu n’étais pas une femme…. (rires)