Quelqu’un a utilisé le terme « impersonnel ». C’est quoi ?
Quand je suis dans la conscience corporelle, il y a une structure qui s’appelle G., mais il n’y a personne à l’intérieur. C’est comme une ombre.
Comme une enveloppe ? Il n’y a rien dedans ?
Pas rien, mais 99% de vide. Une autre façon de le dire, c’est qu’à un certain point, je ne suis plus là. Il y a une action, mais pas d’appartenance. Ce n’est pas vide, parce qu’il y a une spécificité qui fait que l’action que je vais mener a une teinte, mais ce n’est pas moi. J’utilise « je » parce qu’il n’y a pas d’autre mot. C’est difficile à exprimer, c’est une sensation.
Quand tu te regardes dans la glace, tu te vois ou pas ?
Je vois un corps qui me regarde.
Quand je me regarde, il y a un sentiment d’étrangeté.
Est-ce qu’on parle de dés-identification ?
Ça fait partie de l’impersonnalité.
Ça me fait penser que quand je fais certaines actions, ça se fait. Je m’en fiche de savoir comment ça se fait.
C’est comme avec la conscience corporelle, quand tu es dedans, tu ne t’en rends pas compte, comme un poisson dans l’eau. C’est pareil, quand tu interviens, ça te traverse, mais ce n’est pas prémédité, et ça surprend parfois. Mais aussi très reposant.
Parce qu’il n’y a pas de tension, pas de doute.
C’est d’agir par rapport au contexte et pas par rapport à son ego, en s’occultant soi-même pour apporter le mieux possible dans l’interaction.
Pour moi, impersonnel veut dire qu’il n’y a aucune accroche. S’il y a de la douleur, il n’y a pas de contraction.
Est-ce que d’être dans la conscience corporelle, ça fait de toi une personne impersonnelle ?
Oui.
Il y a une chose qui va avec, c’est que les états internes n’ont plus d’importance.
Quand on navigue dans la vie en tant que personne impersonnelle, c’est un peu irréel.
Parler de personne impersonnelle est déjà trop, car il n’y a que des actions.
Alors, une non-personne impersonnelle 😉
Dans le quotidien, quand il n’y a pas d’enjeu, je ne sens pas le contour, je flotte. Et quand c’est associé à une responsabilité, alors il y a une espèce de contour.
Est-ce qu’on peut dire qu’on est alors seul avec soi-même ?
Plutôt seul avec personne !
Dans l’impersonnel, on se rapproche de la perception du bébé.
Le bébé vit l’impersonnel, mais sans en avoir conscience. L’adulte le perd, mais gagne en conscience. Et ensuite, on retrouve cet impersonnel, mais avec la conscience.
L’impersonnel va avec l’impermanence. L’ego est basé sur l’illusion d’une permanence du corps et de ce qui va avec. Une fois que tu reconnais l’impermanence, tu comprends la fausseté et l’illusion de l’ego.